Nouvelliste.
Le 1er juillet 2015 est entrée en vigueur une nouvelle loi aux Pays-Bas portant sur le principe du référendum consultatif et obligeant le gouvernement à réexaminer ses décisions au cas où 300.000 personnes en feraient la demande. C’est ainsi que le collectif « GeenPeil » (traduction : Pas de sondage) sous la houlette du blog « Geenstijl » (tous deux d’orientation anti-européenne) a obtenu plus de 400.000 signatures pour un référendum portant sur l’accord de libre échange Union européenne-Ukraine signé le 7 juillet 2015. 

La nouvelle loi stipulant la validité du référendum à la condition, notamment, que plus de 30 % des électeurs se rendent aux urnes. Il faut se souvenir que, lors du dernier référendum ayant eu lieu aux Pays-Bas, en 2005, 61 % des Néerlandais s’étaient prononcés contre la Constitution européenne… Nous connaissons la suite, et l’état véritable des libertés en Europe concernant ces questions : l’on ne tergiverse pas avec l’Europe. 
La République de Sarkozy en sait quelque chose, quitte à lui donner une tonalité bananière le temps de régler le léger contretemps. Il faut se souvenir également qu’un avion de la Malaysian Airlines rempli de Hollandais avait disparu au dessus de l’Ukraine le 17 juillet 2014, peut-être abattu par des séparatistes pro-russes, tuant 283 passagers dont 193 Néerlandais et provoquant une immense émotion en Hollande : ce facteur pouvait jouer en faveur de l’accord avec l’Ukraine… Difficile d’établir, pour l’heure, dans quelle mesure la portée de ce référendum est purement symbolique ou non (on peut toujours rêver) : les Pays-Bas sont le seul pays à ne pas encore avoir signé l’accord ; néanmoins, un référendum au résultat négatif n’interdirait en rien au gouvernement de ratifier le traité entre l’Union européenne et l’Ukraine. Le PVV de Wilders ainsi que le parti socialiste (SP) sont opposés à celui-ci… A noter que même la « réinfosphère » française n’était pas vraiment au fait, puisque par exemple sur Radio Courtoisie, le 4 avril, un auditeur signalait un « référendum aux Pays-Bas avec plusieurs questions dont celle de la sortie de l’Europe », ce à quoi Henry de Lesquen rétorqua notamment : « Je pense que c’est une fausse information. »
Le peuple néerlandais était donc convié à s’exprimer le mercredi 6 avril, et voici ce qui est sorti des urnes : taux de participation 32,2 %. Pour l’accord avec l’Ukraine, 38,2 %. Contre 61,1 % : une écrasante majorité des Néerlandais s’est donc prononcée contre un accord censé gêner Poutine aux entournures… Devinez la suite : satisfaction à Moscou, tristesse à Bruxelles… Retour de la guerre froide, démocratie tendance bananière concernant les questions touchant l’Europe. Voyons ce qu’en disait Zbigniew Brzeziński, conseiller du président américain, en 1997 dans un ouvrage intitulé Le Grand Échiquier : l’Amérique et le reste du monde, page 103 : « L’Eurasie demeure l’échiquier sur lequel se déroule le combat pour la primauté mondiale (p. 59). Sans l’Ukraine, la Russie cesse d’être un empire en Eurasie. […] L’Ukraine constitue l’enjeu essentiel (p. 74). En 2010, la collaboration franco-germano-polono-ukrainienne pourrait devenir la colonne vertébrale géostratégique de l’Europe (p. 118). Le problème central pour l’Amérique est de bâtir une Europe fondée sur les relations franco-allemandes, viable, liée aux États-Unis et qui élargisse le système international de coopération démocratique (sic !) dont dépend l’exercice de l’hégémonie globale de l’Amérique. »
Si les choses suivent leur cours selon les prédictions de Brzeziński, voilà où le référendum néerlandais du 6 avril devrait finir en toute logique : dans la fosse septique. Mon seul espoir et mon seul désir est que mon incompétence m’égare.